Alexandre de Voguë – Rendre le monde plus beau

Mes chers amis,

J’espère de tout cœur que vous vous portez bien et que vous avez commencé à reprendre une vie presque normale, tout en restant bien entendu encore très prudents.

La multiplication des masques a participé à la disparition pure et simple du sourire, de cet aspect essentiel de la communication entre humains, nous isolant tous un peu plus les uns des autres. Dans cette situation ubuesque, les images du célèbre Blade Runnerde Ridley Scott ne cessent de me revenir à l’esprit.

                                                                                                                                        
Le style est semblable à ce que Charles Baudelaire nommait le Spleen. Un sentiment coupable de mélancolie, de solitude, d’imminence de la mort dans une atmosphère lourde, oppressante et décadente. (Extrait de la fiche du film)
 
Pourtant, la beauté nous entoure. Nous avons l’immense privilège en France d’habiter dans un merveilleux pays dont les paysages sont émaillés de châteaux, manoirs, lavoirs, jardins, forêts qui portent en eux l’histoire de France, des peuples qui l’ont habitée et plus au-delà, les racines de notre humanité. L’imagination que suscitent ces  « vieilles pierres » chez la plupart d’entre nous, que l’on soit féru d’histoire ou que nous n’ayons que peu fréquenté les bancs des écoles, participent à une meilleure compréhension du monde et de notre place en son sein.

A Vaux-le-Vicomte, les employés et les familles qui y passent le plus clair de leur temps en sont conscients : on ne reste pas indifférent lorsque l’omniprésente beauté nous nourrit, nous inspire. J’entends régulièrement des histoires dramatiques que certains visiteurs ont vécu dans leur vie personnelle ou professionnelle. Le temps passé à Vaux a constitué une parenthèse de lumière dans le chemin de croix que la vie leur imposait. Je n’en doute pas un instant : la beauté a fait son oeuvre.

Il est donc aisé de croire en la capacité quasi divine de la beauté à sauver le monde. A condition de préserver cette beauté des affres du temps, des modes superficielles et des dictateurs contemporains pour lesquels les cultures doivent se fondre et disparaître au profit d’une globalisation sans âme.

Il faut que chacun d’entre nous participe à sa manière à ce que la beauté soit partagée auprès du plus grand nombre. Propriétaires-gestionnaires de Monuments Historiques, artisans, architectes, entrepreneurs, jardiniers, visiteurs locaux et touristes du bout du monde, milliardaires philanthropes et petits donateurs passionnés, nous devons tous prendre à cœur cette mission qui est la nôtre : sauver le monde ou tout au moins le rendre plus beau.

Je vous souhaite un très bel été.

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