Œuvrons à ne pas tuer l’espoir !
Le 3 et 4 septembre 1791, l’Assemblée Constituante, qui a pris par la force le pouvoir en France, promulgue une loi abolissant les passeports internes (servant à se déplacer à l’intérieur de notre pays) car elle les considère contraires à la liberté individuelle. Moins de trois siècles plus tard, en 2020, un gouvernement démocratique supprime le droit à se déplacer, impose une restriction de 1 km autour du lieu de vie, restreint à une heure la possibilité de quitter son domicile et instaure un système inédit d’attestations que le citoyen rédige à sa propre intention pour s’autoriser à sortir, sous peine d’amendes et de répression. Autrement dit, dans un pays démocratique se sont installées en quelques semaines des règles qui ont écrasé une tradition séculaire de libre circulation et qui n’ont jamais été appliquées jusqu’ici dans les pires régimes dictatoriaux qui soient. Ces événements sans précédent et surtout l’acceptation servile de la quasi-totalité de la population interrogent, philosophiquement, notre relation au monde, à la politique, à notre histoire, à la liberté.
Nos dirigeants n’ont retenu de notre culture que ce qu’elle a de pire. Dans l’époque antique, le médecin est aussi prêtre et devin. Contrairement aux idées reçues, les dissections humaines durant le Moyen Âge n’étaient pas interdites par l’Église. Les autopsies pour trouver des causes de décès ainsi que les leçons publiques notamment de la Renaissance et du XVIIe étaient possibles. La science et la médecine progressent alors à grands pas. Harvey comprend le fonctionnement de la circulation sanguine ; on maîtrise de mieux en mieux les fonctions inhérentes à chaque organe. Mais de découvertes en découvertes, on envisage le corps humain comme une mécanique organisée et autonome. Et dès la fin de ce même XVIIe siècle, pour être schématique, le corps devient l’affaire des médecins tandis que l’Église s’occupe des âmes.
Ceci est probablement ce que l’on aura fait de pire dans l’appréhension de l’humain, car il faudra tous les efforts de la psychanalyse au début du XXe siècle, pour contrer ce schisme préjudiciable dans la perception de la maladie et réinstaller l’esprit, au sens large, dans le processus de santé. À partir des travaux de Freud, on retrouve donc une certaine forme de sagesse en entendant enfin que cet esprit et ce corps ne font qu’un, qu’il existe des maladies psychosomatiques parfois lourdes (le cancer peut en être une), et qu’il faut envisager un patient dans toutes ses acceptions. Cette séparation n’a pas été réalisée en Orient où la médecine continue de considérer les déplacements énergétiques à l’intérieur du corps comme partie intégrante du processus de guérison. Si l’on valide très largement aujourd’hui le fait que le stress soit un facteur déclenchant ou aggravant de la maladie, si l’on entend, grâce notamment aux tests placebo que les croyances et le psychisme ont une action directe sur le soma, on persiste encore à ne percevoir la guérison et plus largement la médecine que par le biais organique. Un médecin soigne une maladie en étudiant les symptômes, il ne répare pas psychologiquement son patient pour l’aider à guérir.
Cette dérive culturelle regrettable qui relève de notre histoire a mené nos dirigeants à ne voir en chaque Français qu’un corps à protéger d’une pathologie infectieuse et non des êtres humains dotés aussi d’âmes et de sentiments tout aussi sensibles, essentiels et déterminants. Or la clé du débat se situe sur cet effroyable clivage qui fait que nous ne sommes plus, aux yeux de l’exécutif, que de potentiels malades. « Seul le chiffre des réanimations m’intéresse » a pu ainsi clamer le Premier ministre. Effarant si l’on considère qu’un pays de 70 millions d’habitants ne se résume pas à 4500 lits de réanimation, même si cette donnée doit être prise naturellement en compte. La « réa » demeure un problème parmi tant d’autres, nous l’avons déjà dit sur ce blog, parmi la ruine de plusieurs secteurs de notre économie ; parmi les suicides en augmentation constante et notre dette qui flambe, parmi les gens qui ne se soignent plus et les 1 million de Français passés sous le seuil de pauvreté ; parmi nos jeunes qui ne reçoivent pas un enseignement correct, etc.
Et parmi l’écrasement, sans précédent, de nos libertés.
Nous touchons ici à un essentiel que l’on ne peut balayer d’un revers de main.
Intellectuels et philosophes évoquent une « dictature sanitaire ». Si dictature il y a, elle se trouve autant dans l’application de mesures médicalement non avérées – et donc arbitraires– que dans l’acceptation résignée de la population au nom de l’antienne répétée à l’envi : « c’est pour notre santé, donc c’est pour notre bien ».
Mais un peu d’histoire nous rappelle que lors de l’avènement d’Hitler, l’Allemagne se trouvait dans un état de récession économique et d’humiliation politique intenses, après la défaite de 14-18. Beaucoup ont estimé que les mesures prises par le chancelier étaient certes liberticides, mais qu’elles possédaient de nombreuses vertus. Elles redonnaient de la fierté au pays ; on modernisait à tout va, construisant autoroutes, ponts, bâtiments, tandis que le chômage baissait drastiquement ; bref, les Allemands estimèrent que, finalement, si les libertés étaient mises à mal, c’était au fond pour le bien de tous, et qu’une autocratie pouvait se justifier si cela aidait la collectivité.
Nous sommes dans un état d’urgence qui s’apparente à l’autocratie*, depuis de longs mois, ce qui n’a aucun sens si l’on considère que l’état d’urgence, tout comme le Conseil de défense ont été créés, sous la Ve République, pour le cas où la France serait attaquée par un ennemi extérieur. En ce cas, ce dispositif permet de faire sauter les verrous de tous les rouages démocratiques pour protéger notre pays. Or nous acceptons, depuis des mois, que seules trois personnes (à savoir le Président, le Premier ministre et le ministre de la Santé), s’appuyant sur un comité de défense (à quoi sert alors le conseil des ministres ??), décident pour les 70 millions d’individus que nous sommes au mépris de la démocratie et de nos libertés fondamentales. Nous vivons sous des décrets imposés sans concertation, validés a posteriori par une Assemblée nationale aux ordres, selon des appréciations iniques qui considèrent l’humain comme un malade potentiel et non comme un être aimant, pensant, ayant besoin de se cultiver, de rencontrer l’autre, de croire et de pratiquer son culte, d’enterrer dignement ses morts, et surtout d’aimer.
Nous avons été privés de l’inhumation de nos défunts, nous n’avons pu serrer nos parents dans nos bras pour leur dire adieu. Ils sont partis seuls, et nous sommes restés, épouvantés à jamais de ce manquement. Les pères n’ont pas été autorisés à voir naître leur enfant, nous ne voyons plus les sourires, les émotions sont masquées, les bébés présentent des troubles du comportement. Nous vivons dans un monde déshumanisé qui va mal, où 30% des consultations chez les psychothérapeutes sont celles de gens qui n’avaient jamais consulté jusqu’alors. Le ministre de la santé nous assure qu’il est conscient de cela et nous invite à « en parler », tout en annonçant que l’on ne reviendra pas sur tout le protocole mis en place, même après la vaccination de la population.
Nous devons nous lever pour dire stop. Non à cette société dépressive. Nous acceptons la distance physique nécessaire à la sécurité sanitaire des gens en cas d’épidémie, pas à la distance sociale car nous sommes, justement, des êtres humains, communicants et aimants.
Nos politiques n’ont pas seulement tué nos libertés, ils abîment l’amour, en nous empêchant ou en nous dissuadant de le manifester.
Allons-nous enfin refuser cette déshumanisation ?
Il est urgent que les Français réalisent qu’il n’existe rien au-dessus de la liberté. Rien. Il nous faut la défendre parfois au péril de notre vie, l’histoire n’est faite que de cela. La liberté est ce que nous avons de plus beau. Elle est ce qui nous fait vivre et avancer. Elle est notre essence même. Parce que sans elle, et on le vérifie chaque jour, une donnée essentielle de notre appétit de vivre meurt lentement en silence.
Et ça s’appelle l’espoir.
*L’autocratie est un régime politique où un seul individu détient le pouvoir, alors qualifié de pouvoir personnel et absolu.