Ecce Homo

Après une manifestation contre les violences faites aux femmes, un débat politique houleux sur le sujet, des prises de position controversées dans la classe politique, l’hashtag #MeToo venant à l’appui du récit de plusieurs personnalités ayant subi viols ou harcèlement, après des déclarations outrancières aussi bien de la part de certaines féministes que de ceux qui les attaquent, une phrase a retenu mon attention aujourd’hui. Une actrice affirme : « Je ne sais pas si je connais une seule femme qui n’ait pas de douloureuses expériences à partager ».

C’est malheureusement vrai.

La vie d’une femme est sujette à ce genre d’épisodes malheureux, allant de l’incident qui ne s’oublie pas au traumatisme qu’on ne surmonte jamais. Mais en effet, force est de reconnaître que je n’ai pas croisé une seule femme d’un âge raisonnable affirmer ne jamais avoir subi le moindre outrage. De l’indélicat qui vous touche sans y avoir été convié au prédateur sexuel qui fracasse une vie, il y a toute une palette de moments qu’une femme peut être amenée à subir et qui ne seront jamais neutres au cours de son existence.

L’écueil de ce triste constat est de conclure qu’il y aurait en chaque homme un agresseur potentiel.

Je voudrais rendre ici hommage aux hommes qui, au cours de leur vie s’emploient à démontrer le contraire.

 

À ceux qui initient une jeune fille avec respect et poésie,

À ceux qui provoquent le désir avant que d’y répondre,

À ceux qui souhaitent faire de l’amour un partage,

À ceux pour qui le plaisir est d’abord d’en donner,

À ceux qui jouent du corps d’une femme jusqu’à le faire chanter,

À ceux qui espèrent que « non » signifie « plus tard » mais sans entendre « oui »,

À ceux qui distinguent « violence conjugale » de « passion amoureuse »,

À ceux qui enseignent à leur fils de respecter les femmes,

À ceux qui obtiennent tout sans jamais harceler,

À ceux qui ne nomment pas « faiblesse » ce qu’ils n’imposent pas,

À ceux qui suggèrent sans jamais imposer,

À ceux pour qui les femmes s’appartiennent et ne se volent pas,

À ceux qui nous font rêver,

À ceux qu’on aime attendre,

À ceux qui nous transportent et nous changent pour toujours

À ceux dont le souvenir lumineux perdure

À ceux qui savent à jamais demeurer des amants

À ceux pour qui le plus beau moment d’une femme est son consentement.

 

Ceux-là sont des seigneurs, des poètes et des rois. Ils sont respectés, chéris, bénis. Et plus que tout : ils sont aimés.