Marlene Dietrich seule en scène

 

 

Cyrielle Clair rencontre actuellement son public au théâtre de la Tour Eiffel. Elle y interprète une Marlene Dietrich superbement incarnée, tant dans sa grâce que dans son élégance, son mystère et sa beauté.

Un moment d’exception, d’évasion même, qui repose sur le talent polymorphe de la comédienne. Car pour camper un mythe, il faut non seulement être capable d’en renouveler l’incroyable présence, mais de restituer aussi les compétences qui ont nourri sa légende.

C’est tout l’enjeu de ce spectacle où Cyrielle-Marlene raconte, se souvient, vibre, aime, souffre et revisite sa vie d’actrice et de chanteuse côté cour ; de femme et de mère côté jardin. À cette occasion, on découvre la voix sensuelle et envoûtante de celle qui se fond dans son modèle au point de la faire revivre et nous emmène en poésie grâce à des textes qui touchent au cœur. On écoutera avec bonheur, bien sûr, l’incontournable Lili Marlene devenu l’hymne de la résistance contre le Nazisme.

Or retrouver cette femme exceptionnelle, entraînante et décidée, cette Allemande aussi libre que libérée, qui s’opposa courageusement à un régime souhaitant l’instrumentaliser en affirmant « un lien mystique avec le peuple juif allant au-delà des liens du sang » fait vraiment du bien dans le contexte actuel.

Bisexuelle décomplexée, féminine jusqu’au bout des ongles, féroce dans ses combats et blessée dans ses renoncements, Dietrich est diablement attachante et l’on quitte le théâtre convaincu qu’il faudrait revoir le spectacle plusieurs fois.

Pour en goûter le texte dans toutes ses subtilités d’abord ; pour s’abandonner à la prestation de l’artiste en scène ensuite.

La dialectique qui s’instaure en effet entre ces deux femmes à travers le temps est fascinante, car l’une valorise l’autre dans un dévoilement qui subjugue le spectateur.

Et à dire le vrai, on ne sait quelle expérience est la plus bouleversante : être envoûté par Marlene ou ébloui par Cyrielle…