Non, 14-18 n’est pas le combat pour le vivre ensemble…
Il est toujours important et jamais inutile de rappeler, à l’occasion de la commémoration de la signature d’un armistice qui marque la fin d’une guerre, les valeurs européennes d’entente et de paix, d’échange et de respect entre les peuples. Nous devons préserver et chérir cette paix qui nous permet, nous femmes, de ne pas entendre le bruit des canons, de ne pas voir partir nos maris, nos pères ou nos fils sans savoir s’ils vont revenir, de demeurer sans nouvelle dans une angoisse indicible, de n’avoir d’autres perspectives d’avenir que celles de porter leur deuil ou de les voir rentrer blessés, défigurés, mutilés, anéantis tant physiquement que psychologiquement.
Telle fut la Grande Guerre, dont les témoins aujourd’hui disparus ont pourtant laissé tant de traces.
Je possède les lettres de mon arrière grand-père, tombé en 1917, laissant trois enfants et une épouse désemparés. Toute sa vie, ma grand-mère a regretté la mort de « son petit papa » qu’elle a serré dans ses bras pour la dernière fois à l’âge de sept ans.
Mais ce qui me frappe dans ses missives, c’est son amour immodéré de la France, sa patrie. Dans l’enfer de Verdun, jamais cet homme n’a cessé de louer ce pays qu’il aimait pour la liberté duquel il se battait. Après avoir embrassé « ses chers petits » et prié son épouse de prendre soin d’elle et de ceux qu’il aimait tant, il termine souvent ses lettres par « nous gagnerons, vive la patrie, vive la France ! » Et Dieu seul sait pourtant qu’il ne voulait pas repartir, lors de sa dernière permission, la peur au ventre, conscient qu’il ne reviendrait pas…
Cette douleur nous a été transmise à ma mère puis à moi. Son départ, ses souffrances et sa mort ont été portés par ma grand-mère qui nous en a maintes et maintes fois parlé. J’ai aujourd’hui l’impression de connaître cet homme qui n’a pas eu le temps de vivre sa vie et qui a tant donné en si peu d’années.
Alors la récupération politique de cette Grande Guerre me heurte, me blesse, me révolte.
Beaucoup d’hommes politiques continuent de dévoyer l’Histoire sans vergogne, de la détourner, de la réécrire et tellement de médias se font l’écho de ces contre-vérités !
Que le 11 novembre soit un jour où il nous faille réfléchir à la fragilité de la paix est un fait entendu. Qu’il soit nécessaire de consolider l’Europe, laquelle garantit cette entente entre les peuples, est une évidence.
Mais que l’on entende que ces hommes courageux sont tombés pour défendre le « vivre-ensemble », voilà qui est une faute morale pour le moins glaçante. Aucune idée de tolérance mutuelle n’entre en ligne de compte dans les causes de la première guerre mondiale ! 14-18 n’est pas une guerre civile !
Pardon, messieurs les politiques, mais non : nos aïeux ne se sont pas faits massacrer pour défendre le « vivre-ensemble » avec les Allemands.
Ces soldats sont morts pour que la France ne devienne justement pas Allemande, que nous puissions aujourd’hui continuer à parler le Français, à faire vivre et rayonner notre culture.
Ces soldats sont morts pour préserver la souveraineté de notre pays et la liberté de ses citoyens à disposer d’eux-mêmes sans être inféodés à un autre état.
Ces soldats sont morts pour que la France que nous portons au cœur demeure cette France éternelle.