Pourquoi adorer l’oeuvre de Lelouch ?
Ses thèmes me bouleversent, sa façon de filmer m’émeut, sa compréhension du monde m’intrigue. Mais surtout, je viens de comprendre ce que cet homme a de balzacien !
Balzac disait avoir « l’ambition immodérée de tout voir et de tout faire voir, de tout comprendre et de tout faire comprendre » Il a écrit, avec laComédie humaine, la chronique de son siècle. Lisez Béatrix et vous serez époustouflés qu’un individu de sexe masculin ait pu si bien cerner LA femme, toute la femme et toutes les femmes…
Cette même ambition de la totalité transparaît chez Lelouch. Usant de sa caméra comme d’un scalpel, il interroge l’histoire, il questionne le monde, il convoque les hommes et la complexité de leurs sentiments pour tenter de comprendre… et peut-être même trouver un sens à l’absurde !
De la belle Histoire à Les Uns et les autres, de Vivre pour vivre au Genre humain, Lelouch observe l’humanité pour percer le mystère de la destinée, qu’elle soit collective ou individuelle. Balzac, là encore ! « Un coup de foudre, explique le cinéaste, ce n’est pas une seconde qui dure un siècle, c’est un siècle qui dure une seconde ». Vertige de l’homme qui se retourne pour essayer de démêler l’écheveau de ses chemins de vie et de tout ce qui a concouru, depuis la nuit des temps, à faire de lui ce qu’il est.
Balzac questionnait pareillement la société, le monde, la nature humaine. Indéniablement, le flambeau a été repris. Ce n’est plus par le truchement d’une écriture maîtrisée mais par une façon de filmer extrêmement personnelle que Lelouch se distingue et s’affirme dans son unicité. L’image n’est plus une figure de style ; elle impressionne la pellicule. Mais l’exigence d’absolu demeure la même.
Et c’est ce qui confère à Claude Lelouch tout son génie.
Avec une capacité unique à s’émouvoir, il se passionne pour l’universel humain en questionnant les âmes et s’adresse à la part secrète qui est en nous.
Lelouch, c’est toute notre vie qui durerait un film.