Déconfinement, on y va !

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Déconfinement.

Le grand mot est enfin lâché.

On l’a guetté, attendu, espéré. On l’a modélisé, envisagé, conceptualisé. On l’a discuté, analysé, élaboré. Et il est arrivé. Nos politiques s’agitent tant bien que mal pour qu’il ne soit pas synonyme de déconfiture, tentant de gérer le collectif en réduisant nos libertés personnelles, tandis qu’il nous faut réapprivoiser cette liberté personnelle pour être en mesure de donner, justement, du sens au collectif.

L’affaire est plus délicate qu’il n’y paraît. À la peur qui a présidé au confinement fait écho l’angoisse qui accompagne le processus inverse. Et tous nos concitoyens ne vivent pas notre liberté conditionnelle avec le même enthousiasme. Pour ceux qui ont traversé ces deux mois à l’abri, sans autre préoccupation que l’approvisionnement, la reprise est psychologiquement associée à une anxiogène mise en danger. À l’inverse, plus la période a été douloureuse (maladie ou deuil), plus forte est la volonté de tourner la page pour reprendre le cours de son existence et laisser ce cauchemar derrière soi. Ceux dont le confinement n’a pas empêché la douleur ou le malheur ont compris dans leur chair que cette retraite n’était qu’une protection factice et que le risque zéro n’existait pas. Alors ils osent. Leur volonté de gagner est plus forte que l’angoisse. Cadeau que recèle chaque épreuve.

L’impréparation totale de cette crise à laquelle a succédé une incurie criminelle a nécessité la paralysie du pays pour circonscrire le nombre de morts. Quand la vague nous a frappés, nous étions démunis ; terriblement, dramatiquement exposés. Beaucoup d’entre nous ont été sacrifiés. Les Français sont en état de sidération, traumatisés par ce tsunami qu’ils n’oublieront pas de sitôt.

Pour autant, aujourd’hui, notre existence ne peut se résumer à tenter de ne pas mourir. Nous ne sommes pas la première génération de Français exposés au danger ! Ma grand-mère a perdu son père en 14-18, accouché de trois enfants en 39-40, et tremblé pour son fils pendant la guerre d’Algérie. Mon grand-père a été décoré des mains du général de Gaulle pour son action dans la Résistance avant de partir faire la guerre en Indochine.

Que me diraient-ils, ces valeureux grands-parents, s’ils étaient en vie aujourd’hui ?

Je les entends me murmurer « ton sang coule dans nos veines, et avant nous celui de tes aïeux. Nous sommes le peuple des Lumières, celui qui a triomphé de l’obscurantisme, qui s’est battu pour sa liberté et ses valeurs, qui a défendu sa patrie contre l’envahisseur, puis a rebâti sur des ruines. Crois-tu que tout cela serait advenu si nos ancêtres, à chaque génération, étaient restés chez eux pour éviter de prendre des risques ?

Tu applaudis chaque soir les soignants montés en première ligne, sans masque, à mains nues, pour que la majorité de nos compatriotes demeure en vie. Beaucoup ont été contaminés, nombreux sont décédés. Qu’aurais-tu pensé s’ils avaient dit « nous restons confinés pour ne pas être malades » ? Ces gens-là ont fait dignement leur devoir. À toi de faire le tien. À l’instar du message du Président Kennedy, ne te demande pas ce que la France peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour elle. Nous sommes économiquement à genoux. Nous allons faire face à des suicides, des dépôts de bilan, des faillites, des ruines et une immense détresse. Ton comportement individuel se répercutera sur la collectivité. Protège-toi et tu protègeras les autres ; mais reprends le cours de ta vie et de ton travail, donne une chance à ton pays de renaître et à tes concitoyens de ne pas sombrer. Nous avons eu ce courage en notre temps, à toi de montrer le tien ! »

Le meilleur remède à l’angoisse est l’action. Soyons fiers, courageux, audacieux, intelligents, entraînants, innovants, libres et décidés ! Prouvons que nous sommes un peuple téméraire et inventif, enthousiaste et valeureux !

Et surtout, montrons-nous dignes de notre glorieux héritage. Il est vain de commémorer des victoires en déposant des gerbes si nous ne portons pas l’esprit de ceux qui les ont gagnées. Nous sommes là parce que nos ancêtres ont cru en l’avenir et se sont battus, en dépit de la peur qui les tenaillait.

La lumière ne vient que si l’on ose sortir de l’ombre.

Ayons le courage de marcher au soleil.