Pédophilie : « Ton corps t’appartient »

 

 

Que de fois arrive-t-il, au cours d’une vie, d’entendre des parents dire à leur enfant « dis bonjour : fais un bisou à la dame ! ». Systématiquement, je m’accroupis devant le tout petit et lui dis avec un grand sourire « Tu ne me connais pas. Tu n’es pas du tout obligé de me faire un bisou ! ». Le sourire du bambin est une récompense. D’abord parce que la réponse d’un enfant est souvent mimétique (si vous lui souriez, il s’aligne sur votre « humeur », d’où les problèmes psychologiques liés au masque, qui freine le décryptage des tout petits quant à votre ressenti, créant ainsi un flou anxiogène à l’origine parfois de troubles du comportement) ensuite parce que son soulagement, pour qui y est attentif, est souvent palpable.

À l’inverse de ce qui est généralement admis, un baiser sur les joues n’est pas anodin. C’est un acte qui fait entrer dans la sphère intime de l’autre. C’est quand même un « peau à peau » qui nécessite un rapprochement, un contact et une perception d’odeurs. Ne confondons pas l’apprentissage incontournable de la politesse sans quoi toute vie sociale devient impossible – et en cela le « dis bonjour » est légitime – avec la négation de la propriété de son enveloppe charnelle contenue dans la phrase « embrasse la dame/le monsieur » qui implique que l’enfant doit se soumettre à un rapprochement inapproprié et sans doute non souhaité avec un adulte dont il ignore tout et à qui il n’est pas attaché.

On ne peut apprendre à un enfant que son corps lui appartient, et donc l’aider à se construire dans la légitime défense de ce bien dont il est le seul à pouvoir disposer, en lui délivrant l’injonction inverse à longueur de temps. Par ailleurs, que vaut un « bisou » donné à contrecœur ?

Il est très opportun de comprendre que la meilleure protection contre la pédophilie est d’armer l’enfant à détecter les comportements déviants. Apprendre à un petit qu’il peut certes jouer à découvrir son corps, mais que cela doit se faire seul, dans l’intimité de sa chambre, et surtout pas en présence d’un adulte et que si un adulte lui montre ce qu’habituellement on ne montre pas, ce n’est pas une attitude normale et qu’il doit en avertir ses parents est absolument nécessaire. Ne pas non plus exposer un enfant nu sur une plage ou dans le cercle familial, au motif qu’il est « qu’un enfant ». C’est aussi en lui montrant que sa pudeur doit être préservée et qu’elle est aussi importante que celle d’un adulte qu’il comprendra l’acte malveillant s’il se produit. Tous ces détails qui peuvent paraître anodins participent pourtant à la construction des défenses psychologiques d’un individu et le rendent apte à mieux se défendre d’un agresseur potentiel et en tout cas à ne pas s’enfermer dans un silence coupable en cas d’agression.

Enfin, si toutes ces considérations ne protègent évidemment pas de l’inceste, puisqu’un parent ne voudra pas armer contre lui l’enfant qu’il s’apprête à abuser, il convient aussi de poser la légitime question de la place de la famille dans le mental collectif. Si elle est structurante et essentielle dans la construction de l’individu, la famille ne doit pas être sacralisée au point de devenir intouchable. Les considérations oiseuses qui enjoignent d’accepter des situations blessantes ou angoissantes au nom du fait que « c’est ta grand-mère ! » ou « c’est ton père ! » sont inacceptables. Qu’elle soit familiale ou non, une relation toxique est une relation à fuir, quels qu’en soient les protagonistes et les conséquences. Il faut enfin admettre qu’une famille dysfonctionnelle peut faire plus de mal que bien.

Mais revenons à la pédocriminalité. Elle a très souvent lieu dans le cercle familial ou intime. Remarquer un comportement «borderline» chez un ami, par exemple, doit immédiatement inciter les parents à mettre un terme à cette relation, aussi difficile soit-il. Le principe de précaution s’applique, avant que n’arrive le « trop tard ».

J’ai vécu cette situation. Je me suis fiée à mon instinct de mère et ai tranché, sans hésiter. Je ne l’ai jamais regretté.

Il n’existe rien de plus précieux qu’un enfant. C’est un trésor qui nous est confié.

Sa protection doit être l’alpha et l’omega des décisions parentales en la matière.

Il exige absolument tous les sacrifices.

« Ces petits, ça vous prend tout. Alors quand on est brave, […] on n’attend pas qu’ils vous le prennent : on le leur donne.» disait Pagnol…

Ne jamais l’oublier.

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